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1963
Fin de l'activité

Le 12 mai 1953, la scierie - définitivement considérée comme non rentable -, fut mise en vente "dans l'intérêt de l'Etat", par l'administration des Eaux & Forêts.
La vente eut lieu le mardi 9 juin à la mairie de Ban-sur-Meurthe. La salle commune était comble : de nombreux citadins, tous les "marchands de bois" pour lesquels René Durand, le dernier sagard, avait toujours travaillé étaient là : chacun pensait acquérir une résidence secondaire à bon compte. René était descendu, lui aussi. Il avait parcouru sur son vieux vélo les 8 kilomètres pour savoir lequel allait l'emporter, l'obligeant ainsi, lui et sa famille à quitter la maison où ses ancêtres et lui-même avaient tant peiné.
La mise à prix était de 300 000 F. Quand les marchands de bois, virent cet homme humble et chétif lever la main pour se porter symboliquement acquéreur, il y eut dans la salle un moment d'émotion. Tous le connaissaient et l'appréciaient car c'était un homme droit.
Un grand silence se fit soudain. Le commissaire-priseur relança l'offre. Le miracle se produisit : les ambitions s'effacèrent. Personne ne voulut plus enchérir. Aucun ne souhaitait chasser cet homme de la maison où il était né et où il avait toujours vécu.
La scierie domaniale dont il avait tant pris soin, contre toute attente, était à lui ! Jamais il n'aurait pu suivre les enchères, si elles avaient continué à monter. L'émotion était générale, mais le plus ému de tous, c'était lui. On le vit furtivement essuyer une larme du revers de sa manche élimée. Il devenait propriétaire ! Il allait pouvoir scier à son compte.
Pourtant la scierie allait progressivement ralentir puis cesser son activité. Un grand silence allait succéder au bruit si familier du haut-fer. Et nous n'allions plus respirer l'odeur si agréable de la sciure et de la résine.

Paysage extérieur à la scierie du Lançoir

Façade de la scierie du Lançoir

Vestige de la scierie d'autrefois

Paysage extérieur à la scierie du Lançoir
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